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Charles Péguy
naît dans une famille modeste : sa mère, Cécile
Quéré, est rempailleuse de chaises, et son père,
Désiré Péguy, est menuisier. Il mourra quelques
mois après la naissance de l'enfant, qui est alors élevé
par sa grand-mère et sa mère. Durant cette enfance,
Charles Péguy connaît non pas la misère,
mais une austère et digne pauvreté dont il gardera
le souvenir lumineux, parlant de « l'honneur, de la piété
de louvrage bien faite » : « J'ai vu toute
mon enfance rempailler des chaises exactement du même esprit
et du même cur, et de la même main, que ce
même peuple avait taillé ses cathédrales
» En 1885, il est remarqué par le directeur de l'École
normale d'instituteurs d'Orléans, Théodore Naudy,
qui le fait entrer au lycée d'Orléans, et lui obtient
une bourse qui lui permet de continuer ses études. Au
lycée Pothier, quoique bon élève, il se
fait remarquer par son caractère. Il obtient finalement
son baccalauréat le 21 juillet 1891. Il intègre
l'École normale supérieure de Paris le 31 juillet
1894, sixième sur vingt-quatre admis. À Normale
sup', il est l'élève de Romain Rolland et de Bergson,
qui ont une influence considérable sur lui. Il y affine
également ses convictions socialistes, qu'il affirme dès
sa première année à l'École. Lorsque
éclate l'affaire Dreyfus, il se range auprès des
dreyfusards. En février 1897, il écrit son premier
article dans la Revue socialiste, et en juin 1897, achève
d'écrire Jeanne d'Arc. Militant socialiste et dreyfusard,
il fait paraître les Cahiers de la Quinzaine de 1900 à
sa mort. Son uvre comprend des recueils poétiques
en prose (Le Porche du Mystère de la deuxième vertu,
1912) et en vers (La Tapisserie de Notre-Dame, 1913) d'inspiration
mystique, des essais où il exprime ses préoccupations
sociales et son rejet de la modernité (L'Argent, 1913),
mais aussi des pièces de théâtre, notamment
sur Jeanne d'Arc, un personnage historique auquel il reste toute
sa vie profondément attaché. Il est un farouche
opposant de l' universalisme facile : « Je ne veux pas
que l'autre soit le même, je veux que l'autre soit autre.
C'est à Babel qu'était la confusion, dit Dieu,
cette fois que l'homme voulut faire le malin. ». Sa conversion
au catholicisme a probablement eu lieu entre 1907 et 1908 ; il
confie en septembre 1908 à son ami Joseph Lotte : «
Je ne t'ai pas tout dit... J'ai retrouvé la foi... Je
suis catholique... ». Cependant, son entourage remarquait
depuis quelques années déjà ses inclinations
mystiques. Lieutenant de réserve, il part en campagne
dès la mobilisation. Il meurt au combat au début
de la bataille de la Marne, tué d'une balle au front,
le 5 septembre 1914 à Villeroy, près de Neufmontiers-lès-Meaux,
alors qu'il exhortait sa compagnie à ne pas céder
un pouce de terre française à l'ennemi. L'uvre
de Péguy a toujours célébré les valeurs
traditionnelles de l'homme: son humble travail, sa terre, sa
famille. |
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