Le 25 février 1943, Josef Goebbels, ministre
de la propagande nationale-socialiste, notait en passant dans
son journal : "A Munich, quelques étudiants ont
été démasqués comme ennemis de l'Etat.
Ils ont mené une vaste campagne contre la guerre, ont
été traduits devant le Volksgerichtshof et condamnés
à mort. J'approuve que les sentences capitales soient
exécutées" . Et trois mois plus tard,
alors que Hans
et Sophie Scholl et
leur compagnon Christoph
Probst avaient déjà
été guillotinés, le procureur général
du Reich, Ernst Lautz, s'opposa catégoriquement devant
Volksgerichtshof (Tribunal du peuple) à gracier Alexander
Schmorell, Willi
Graf et le professeur
Kurt Huber : "Le procès a pour objet une affaire
qui traite sans doute du pire des cas de haute trahison propagandiste
que le Reich ait connus pendant la guerre".
Alexandre fut arrêté
deux jours après l'exécution d'Hans, Sophie et
Christoph. Sa mère, morte très tôt, était
russe et orthodoxe, son père allemand et protestant, avait
épousé en seconde noce une catholique allemande.
Tous trois était rentré en Allemagne alors qu'Alexandre
n'avait que quatre ans, mais il fut élevé dans
la tradition orthodoxe en l'honneur de sa mère. Il a été
canonisé par l'Eglise russe hors frontière.
Kurt Huber était
né en Suisse et enseignait la philosophie à l'université
de Münich. Il encougea les étudiants dans leur volonté
de résister, et contribua grandement à l'écriture
des derniers tracts.
Leur procès
eut lieu le 19 avril et ils furent guillotinés le 13 juillet.
Alexandre avait vingt cinq ans et Kurt quarante neuf ans.
"En tant que
citoyen allemand, professeur d'Ecole Supérieure et homme
politique, j'estime que nous n'avons pas seulement le droit,
mais le devoir moral, de coopérer à la formation
du destin allemand, de dénoncer les maux notoires, et
de les combattre...." (Kurt
Huber)
« Mes chers
papa et maman, Il n'y a rien à faire. Aujourd'hui, par
la volonté de Dieu, il m'est donné d'achever ma
vie terrestre, afin de passer dans une autre qui ne se terminera
jamais et dans laquelle nous nous reverrons de nouveau. Que cette
rencontre future soit votre consolation et votre espérance.
Malheureusement, pour vous, ce coup est plus pesant que pour
moi qui pars avec la conscience d'avoir servi mes convictions
sincères et une action juste. Cela me permet d'attendre
l'heure de la mort avec une conscience tranquille. Souvenez-vous
des millions de jeunes gens qui quittent la vie là-bas,
sur le champ de bataille. Leur destinée est la mienne.
Un énorme et cordial salut à tous ceux qui me sont
chers ! En particulier à Natacha, à Erich, à
la nounou, à tante Tonia, à Marie, à Alionouchka
et à André. Dans quelques heures je me trouverai
dans un autre monde, meilleur, auprès de maman. Je ne
vous oublierai pas et prierai le Seigneur afin qu'Il vous apporte
le réconfort et la tranquillité. Je vous attendrai
! Je vous demande une chose : n'oubliez pas Dieu ! Votre Chourik
Le prof. Huber est avec moi : il vous transmet son salut cordial.
» (dernière
lettre d'Alexandre, le 13 juillet 1943) |
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