Mosaïque, Palerme, XIIe
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Fils unique d'un officier
supérieur, il avait été chrétiennement
élevé par sa mère, restée veuve à
vingt ans. Quand elle mourut (v. 372), Jean dit adieu au barreau,
au théâtre et au monde, et alla vivre en anachorète
dans les montagnes. Les cinq années qu'il y passa (373-378)
ruinèrent pour un temps sa santé. S'étant
agrégé au clergé d'Antioche, il reçut
le diaconat en 381 et le sacerdoce en 386. Dès lors, il
prêcha, et ce fut pour la grande métropole syrienne,
devenue plus importante que Rome, une fête d'éloquence
qui dura douze ans (386-398). En 398, sous un prétexte
quelconque, Jean fut appelé à Constantinople, où
le vieux Nicaise venait de mourir. A ce patriarche, qui n'était
guère bon qu'à dîner en ville, l'impératrice
Eudoxie et Arcadius, son très obéissant époux
entendaient donner comme successeur Jean Bouche-d'Or (Chrysostomos),
le plus grand orateur de l'Orient. Celui-ci dut se soumettre,
mais prenant sa charge au sérieux, il ne tarda pas à
déplaire. Il déposa nombre d'évêques
indignes, tenta de rendre de la moralité à son
clergé, pourchassa les moines qui faisaient du tourisme
au lieu de prier dans leur couvent. Devant des foules qui s'écrasaient
pour l'entendre, il prêchait l'Evangile sans l'expurger,
tonnant à l'occasion contre les scandales des gens de
cour et des riches, et proclamant sans cesse le droit des pauvres
à ne point mourir de faim. Eudoxie qui se sentait visée,
fit appel à Théophile, patriarche d'Alexandrie,
pour se débarrasser de son censeur. Celui-ci, un jaloux
et méchant homme, réunit un concile de ses amis
où Jean fut déposé et chassé, inculpé
d'on ne sait quelle hérésie (403). Il résida
quatre ans à Cucusus (Gôksum, Turquie), puis fut
relégué à quatre cents lieues vers le nord,
au pied du Caucase, chez les barbares. Les soldats chargés
de l'y conduire savaient ce qu'on attendait d'eux, aussi Jean
mourut-il en route. Ses dernières paroles avaient été
: " Seigneur, que ta volonté soit faite en toutes
choses sur la terre comme au ciel. " Six cents discours
et sermons nous restent de ce grand homme si sympathique, parmi
lesquels les chefs-d'oeuvre ne se comptent pas, et qui presque
tous sont aussi actuels qu'au IVe siècle. |
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