icône russe contemporaine
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S'il fait figure de
saint national en Russie, c'est à la fois pour la part
qu'il prit à la formation de ce pays et pour l'empreinte
dont il marqua la piété russe. Toute son existence
s'écoula alors que ses compatriotes étaient encore
sous le joug des Mongols. Né d'une famille de boyards,
il alla vivre dès l'âge de vingt-deux ans dans l'immense
forêt qui s'étendait au nord de Moscou. Il y fut
d'abord dans la seule et amicale compagnie des ours et des oiseaux,
et surtout dans celle dont Jésus parle quand il dit :
" Celui qui m'aime, mon Père l'aimera, et nous
viendrons faire notre demeure en lui " (Jn 14, 23).
Jusqu'au jour où une douzaine de moines lui demandèrent
de partager son genre de vie. Il y consentit, et construisit
avec eux, à Radonech, le célèbre monastère
de la Trinité, lequel servit de modèle à
tous les monastères qui se fondèrent ensuite dans
la Russie du Nord. Serge le gouverna pendant cinquante-cinq ans.
S'y donnaient rendez-vous les princes dont la désunion
favorisait la domination mongole. Serge les réconcilia
et leur fit reconnaître la primauté de Dimitri Donskoï,
grand-duc de Moscovie. Ce fut sous son influence qu'ils s'unirent
pour livrer la fameuse bataille de Koulikovo (1380), où
la victoire de Dimitri sur Mamaï, khan de la Horde d'Or,
marqua le début de la libération nationale. St
Serge était doux, humble, austère, rempli de bonté
pour tous. Il possédait, dit-on, le don des miracles,
prédisait l'avenir, recevait de fréquentes visites
de la Mère de Dieu. En avril 1392, il annonça qu'il
mourrait six mois plus tard et garda dès lors un silence
absolu. Il ne le rompit que le jour de sa mort pour dire à
ses moines qu'il les aimerait toujours et continuerait de prier
pour eux. |