portrait, XVe
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Jean, né à
Capistrano, dans l'Abruzze, était fils d'un gentilhomme
français qui avait suivi à Naples le duc d'Anjou,
devenu roi de ce pays. Après ses études, on le
pourvut d'une place de judicature, et fit un bon mariage. Tout
lui souriait dans le monde, quand tout à coup s'évanouirent
ces flatteuses espérances. Jeté à tort en
prison, et perdant sa jeune femme, il résolut de ne plus
servir que Dieu. Il vendit tous ses biens, paya sa rançon,
distribua le reste aux pauvres, et se réfugia chez les
Franciscains, près de Pérouse. Le gardien, craignant
que cette vocation ne fût l'effet d'un dépit passager
plutôt que d'un mouvement de la grâce, voulut l'éprouver.
Il lui ordonna de faire le tour de la ville de Pérouse
dont il avait été gouverneur, monté à
rebours sur un âne, couvert d'un mauvais habit et la tête
coiffée d'un bonnet de carton où étaient
écrits divers péchés. Après une telle
épreuve, les humiliations du noviciat ne lui coûtèrent
plus. Jean fut renvoyé par deux fois du noviciat. Il resta
jour et nuit à la porte du couvent, souffrant avec joie
l'indifférence des religieux, les railleries des passants
et les mépris des pauvres qui venaient demander l'aumône.
Jean, reçu de nouveau, fut enfin admis à la profession.
Dès lors sa vie fut admirable, il vivait uniquement de
Jésus sur la Croix. Embrasé d'amour pour Dieu,
il faisait de sa vie une oraison continuelle: le Crucifix, le
Tabernacle, l'image de Marie, le jetaient dans l'extase: "Dieu,
disait-il, m'a donné le nom de Jean, pour me faire le
fils de Marie et l'ami de Jésus." Ordonné
prêtre, Jean fut appliqué au ministère de
la parole. Ses paroles produisaient partout des conversions nombreuses.
Le Pape Eugène IV, frappé des prodigieux succès
de ses discours, l'envoya comme nonce en Sicile; puis le chargea
de travailler, au concile de Florence, à la réunion
des Latins et des Grecs. Ami de St Bernardin de Sienne, il le
défendit, devant la cour de Rome, contre les calomnies
que lui attirait son ardeur pour la réforme de son Ordre.
Nicolas V l'envoya, en qualité de commissaire apostolique,
dans la Hongrie, l'Allemagne, la Bohème et la Pologne.
Toutes sortes de bénédictions accompagnèrent
ses pas. À cette époque, Mahomet II menaçait
l'Occident d'une complète invasion, tenait Belgrade assiégée,
il se promettait d'arborer le croissant dans l'enceinte même
de Rome. Le Pape Calixte III chargea St Jean de Capistran de
prêcher une croisade. Belgrade fut sauvée. C'était
en l'an 1456. Trois mois après, ayant prononcé
ces paroles du Nunc dimittis: "C'est maintenant, Seigneur,
que Vous laisserez mourir en paix Votre serviteur," il expira
en pronoçant une dernière fois le nom de Jésus. |
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