"Autrefois, je blâmais
ceux dont la religion n'était pas proche de la mienne
... mais aujourd'hui, mon coeur est devenu capable de revêtir
toutes les formes : il est pâturage pour les gazelles,
c'est un couvent pour les moines chrétiens, un temple
pour les idoles, une Ka'ba pour le pélerin musulman et
il est des tables de la Torah et le livre du Coran. Je professe
la religion de l'amour, quel que soit le lieu vers lequel se
dirigent les caravanes... L'Amour est ma loi, ma foi ..." |
Mystique et prophète
soufi, Ibn' Arabi est considéré comme un "Cheick
al-Akbar", ("le plus grand maître" en arabe).
Alors qu'il mène une vie de notable à Séville,
il tombe malade et décide de se consacrer à la
philosophie. Il devient l'élève pendant quelques
années du maître spirituel al-Urayini. Proche du
philosophe Averroès qu'il connaît par le biais de
son père, il s'inspire en partie de sa pensée pour
finalement la dépasser, proposant une nouvelle forme de
théologie complexe, à l'origine d'un renouvellement
du soufisme. Il est l'auteur de très nombreux ouvrages
(plus de 800 selon le spécialiste Henry Corbin). Ibn'
Arabi demeure une figure en marge de l'orthodoxie musulmane mais
toujours très influente. Il ne fait aucune distinction
entre le Créateur et sa créature de sorte qu'il
considère cette dernière comme une possibilité
divine. Dieu crée par Amour de se faire connaître
et sa créature est la manifestation de cet Amour. Tous
deux sont donc indissociablement liés par cette énergie
d'Amour. En outre, l'homme étant issu de Dieu, il possède
sa conscience et a donc la possibilité de se reconnaître.
Par extension, à l'image de l'artiste qui se fait connaître
par son uvre et de l'uvre qui nous éclaire
sur l'artiste, se découvrir soi-même c'est découvrir
Dieu en soi et découvrir Dieu c'est se découvrir
soi-même. La réalisation de cette réunion
au Divin par la connaissance de l'Amour est donc pour lui le
but de toute vie spirituelle. |