"Ton image est dans
mon oeil, ton invocation dans ma bouche. / Tu demeures dans mon
coeur. Où donc peux-tu être absent? "
"Tu demeures dans mon
coeur et il contient le mystère de Toi. / Que la demeure
se réjouisse et que se réjouisse le voisin! / Il
ne contient aucun mystère que je connaisse sauf Toi /
Regarde avec Ton oeil: y a-t-il un autre dans la demeure? / Que
la nuit de la séparation s'allonge ou s'écourte
/ L'espoir et le souvenir de Lui me tiennent compagnie. / Ma
perte me convient qui Te convient, ô mon Tueur / Et je
choisis ce que Tu choisis" |
Natif du village persan
de Tür, al-Husain al-Mansour al-Hallaj avait reçu
durant son enfance une éducation dans les écoles
coraniques et soufies de sa région. Doué d'un fort
tempérament, al Hallaj décida de rompre tous liens
avec son passé pour s'adonner à la prédication
itinérante d'une vérité qui, même
s'il ne la possédait pas, l'accompagnait désormais
comme un tourment. Après diverses pérégrinations
à travers l'Orient, al-Hallaj s'établit à
Bagdad et décida d'entreprendre un pèlerinage intérieur
en son propre coeur, vraie demeure de Dieu. Son identification
amoureuse avec l'Aimé, but de tout soufi, l'amena à
formuler des enseignements considérés comme violemment
subversifs, jusqu'à la célèbre affirmation
: " je suis la vérité", par laquelle,
loin de se proclamer l'incarnation d'Allah, il voulait simplement
rappeler que seul celui qui fait en soi totalement place à
l'Autre peut arriver à proclamer l'unité divine
et le nom ineffable de Dieu. Mais son invitation au pèlerinage
intérieur fut prise comme une condamnation du pèlerinage
à La Mecque, pilier de l'islam, et al-Hallaj fut condamné
à mort. Dans sa Passion, que ses disciples ont admirablement
racontée, il pouvait ainsi consumer sa propre recherche
de Dieu, en faisant totalement place dans sa vie à la
présence divine dans le sacrifice de sa propre vie, par
amour. Comme l'ont relevé à juste titre certains
maîtres chrétiens de notre temps, la mémoire
d'al-Hallaj et de sa passion d'amour pour l'Unique est un des
messages anti-idolâtres des plus forts que l'histoire des
religions ait offerts à toute l'humanité. (martyrologe de Bose)
|