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Née à
Moscou le 14 septembre 1919, sa famille fuit le régime
soviétique en 1922, direction la France, pays des droits
de l'Homme. Elle étudie au lycée Racine à
Paris, et en ressort diplômée en 1936. Quand la
Seconde Guerre mondiale éclate, Mila s'engage rapidement.
Elle est d'abord assistante sociale dans les camps d'internement
du Sud de la France, véritables camps de transit pour
les Juifs vers la déportation. Devant l'accélération
des persécutions contre les Juifs, Mila propose de recueillir
les enfants que les mères souhaitent mettre à l'abri
des déportations. Tout s'accélère en 1942
avec la rafle du Vel' d'Hiv : les enfants aussi sont désormais
passibles de déportation, inadmissible pour la jeune femme.
Âgée de 23 ans seulement, elle entre alors dans
une organisation juive de résistance. Avec son frère,
Émile et George Loigner, ils créent même
un réseau pour venir en aide à ces enfants. Pendant
21 mois, de janvier 1942 à octobre 1943, elle les emmène
par convoi à Annemasse (Haute-Savoie) pour ensuite les
faire traverser la frontière franco-suisse. Le 21 octobre
1943, la résistante est arrêtée par les Allemands
à seulement 200 mètres de la frontière.
Elle emmenait 32 enfants âgés de 2 ans et demi à
18 ans. Eux aussi sont arrêtés. Tous sont emprisonnés
à Annemasse, au siège de la Gestapo. Grâce
à l'intervention du maire de la ville, Jean Deffaugt,
les enfants sont libérés. Il propose alors à
Mila un plan d'évasion. Mais craignant que les enfants,
ou Jean Deffaugt soient tenus pour responsables si elle parviennait
à s'échapper, elle refuse. Par la suite la jeune
femme est emprisonnée dans la prison de Montluc à
Lyon, là-même où Jean Moulin était
détenu (en juin 1943). Là-bas, elle passe sous
silence son identité juive, s'appuyant sur une fausse
identité, ce qui lui évite de finir dans un camp
d'extermination. Elle est envoyée au camp de Royallieu
à Compiègne, puis à Ravensbrück en
Allemagne en 1944. Elle est finalement transférée
à Mathausen, où elle fera partie d'un Kommando
(groupe de travail actif) : elle accompagne un groupe de travailleuses
pour restaurer les voies ferrées détruites par
les bombardements alliés. Tragique ironie de l'histoire,
c'est à quelques jours à peine de la libération
du camp, qu'elle est tuée pau cours d'un bombardement
des Forces alliées. Dans ces camps, Mila Racine a laissé
l'image d'une femme à la conduite exceptionnelle, d'après
les témoignages de grandes figures de la Résistance
française qui l'ont côtoyée. "On lisait
dans ses yeux (
) la ferme détermination de ne se
laisser vaincre ni par l'ennemi, ni par ce milieu dans lequel
nous vivions. Elle était toujours gaie, serviable, elle
s'occupait beaucoup des vieilles femmes et des malades",
dira ainsi Gaëtane, une compagne de déportation à
Ravensbrück. |
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