"J'appelle
tous les gens de bonne volonté à l'amour, la tolérance
et la paix, pas seulement en temps de la guerre, mais aussi en
temps de paix" |
Assistante sociale,
elle travaillait déjà avant la guerre auprès
des familles juives pauvres de Varsovie, qui était alors
la première métropole juive d'Europe. Dès
l'automne 1940, Irena Sendler a pris des risques considérables
pour apporter de la nourriture, des vêtements ou des médicaments
aux habitants du ghetto, que les occupants nazis avaient instauré
dans un quartier de la capitale. Sur quatre kilomètres
carrés, ils y avaient entassé quelque quatre cent
cinquante mille personnes. En raison du manque de nourriture,
beaucoup sont morts de faim ou de maladie, avant qu'une poignée
de survivants ne mene au printemps 1943 une insurrection désespérée
et que l'armée nazie ne rase complètement le quartier.
"Lorsqu'elle marchait dans les rues du ghetto, Irina Sendler
portait un brassard avec l'Etoile de David, à la fois
par solidarité avec les juifs et par souci de ne pas attirer
l'attention sur elle", souligne le mémorial du Yad
Vashem. A la fin de l'été 1942, elle rejoint le
mouvement de résistance Zegota. Elle a alors fait sortir
clandestinement des enfants du ghetto, qu'elle hébergeait
dans des familles catholiques et des couvents. Les enfants étaient
cachés dans des valises, transportés par des pompiers
ou des camions à ordures, ou simplement dissimulés
sous les manteaux des personnes qui avaient le droit d'accès
au ghetto. Par précaution, elle notait soigneusement les
noms des enfants et des familles sur des papiers qu'elle enterrait
dans des bouteilles. Elle fut arrêtée en octobre
1943. Au quartier général de la Gestapo, ses tortionnaires
lui brisèrent les pieds et les jambes. Mais elle ne parla
pas. Condamnée à mort, elle fut miraculeusement
libérée par un officier allemand que la résistance
polonaise avait réussi à corrompre. Elle continua
son combat clandestin sous une autre identité jusqu'à
la libération. Après la guerre, elle travailla
dans la supervision des orphelinats et des maisons de
retraite. Elle a toujours pensé qu'elle n'était
pas une héroïne. "Je continue d'avoir mauvaise
conscience d'avoir fait si peu", disait-elle. |