«A force
de sonder la vie des choses et la nature de leur relativité,
tu arriveras à l'insoluble ; à force de contester
la vie des choses et leur relativité, tu arriveras au
néant ; en sanctifiant les choses, tu rencontreras le
Dieu vivant.»
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Petit-fils d'un éminent
maître talmudiste auprès duquel il passe sa jeunesse
en Galicie, Buber poursuit des études de philosophie et
d'histoire de l'art à Vienne et à Berlin. Il subit
l'influence des écrits et du mysticisme de Nietzsche et,
plus tard, de la pensée de Kierkegaard. Mais c'est l'enseignement
des hassidim qui le modèle durablement. Par ses écrits
et son engagement personnel, Buber a largement contribué
à la reconnaissance du hassidisme comme grand mouvement
mystique mondial. Rallié dès 1898 au sionisme,
dont il constitue une figure éminente, Buber prône
le retour des juifs en Palestine, mais estime nécessaire
de forger un nouvel humanisme proprement judaïque, par une
profonde et résolue renaissance spirituelle et culturelle.
Interprète du hassidisme, traducteur en allemand de la
Bible, Buber a élargi son Judaïsme jusqu'à
l'universalisme d'une philosophie de la rencontre et du dialogue.
Dans son uvre majeure, le Je et le Tu (1923), il expose
ainsi un existentialisme religieux qui vise à la connaissance
de l'être humain non par la dissociation et l'étude
de chaque élément de la relation «je»
et «tu», mais par la relation «je-tu».
Dès lors, il s'agit pour l'homme de rechercher Dieu «dans
l'intervalle même qui nous sépare les uns des autres».
Buber affirme comme dans la Bible la nécessité
d'une relation directe entre l'homme et Dieu, essence même,
selon lui, du Judaïsme biblique, et la soumission à
Sa volonté. En 1938, Buber dut fuir le nazisme et s'installa
en Palestine, où il enseigna à l'université
hébraïque de Jérusalem. Après la création
de l'État d'Israël, il fonda et dirigea l'association
Ihud (Unité), au sein de laquelle il poursuivit inlassablement
ses efforts de rapprochement avec les Arabes. Il écrivit
dès lors en hébreu, dans une langue pure, riche
et imagée. Les dernières années de sa vie
furent consacrées à l'assistance culturelle, sociale
et spirituelle des membres des kibboutz et à des travaux
d'exégèse de l'Ancien Testament. |