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Fils de commerçant
en laines et tissus, il se trouve à treize ans avec son
frère aîné à Alcala pour y étudier.
La mort inopinée de son père le force à
les interrompre. En 1558 il se marie avec Maria Juarez dont il
a trois enfants. Mais en trois ans il perd femme et enfants.
De plus les affaires familiales périclitent : il doit
fermer son commerce. À travers ces tristes événements,
il croît dans une profonde union à Dieu. Des mois
de solitude, faite de pénitences et prières, le
portent au désir de se faire religieux jésuite.
Sa première demande dadmission est refusée
: il est trop âgé (trente cinq ans), de santé
fragile et na pas fait les études requises pour
accéder à la prêtrise. Deux ans plus tard
il demande à nouveau son admission dans la Compagnie.
Sil ne peut être prêtre il accepterait avec
plaisir dy être frère, dit-il. Malgré
lavis négatif de ses conseillers, le provincial
Antonio Cordeses le reçoit avec ses mots: « Quil
entre, nous le recevrons comme saint!» Alphonse commence
son noviciat en 1571 à Valence. Après six mois,
ses supérieurs l'envoyèrent sur l'île Majorque,
au collège de la Ste Vierge du mont Sion où il
prononça ses vux simples et solennels le même
jour. Pendant trente ans, St Alphonse se sanctifiera dans le
modeste emploi de portier, accueillant toutes les personnes qui
se présentaient avec le même empressement que si
c'eût été Notre-Seigneur. Cest dans
cet humble office de portier quil rayonne de sagesse, dattention
aux autres et esprit de service. Sa vie spirituelle, dévidente
union à Dieu, étonne et attire les visiteurs. Cette
activité lui permet dencourager les étudiants,
de consoler ceux qui sont dans la peine, de conseiller les inquiets
et les tourmentés et daider les nécessiteux.
À sa prière incessante, il joignait une ascèse
extraordinaire. « En toutes choses, témoigna son
supérieur, Alphonse cherchait ce qui répugnait
le plus à la nature. » Ainsi, il ne voulait porter
que des vêtements usés. Un crucifix et une image
de la Très Sainte Vierge sans nulle valeur artistique
ornait la cellule de ce pauvre de Jésus-Christ. Il couchait
sur la dure et jeûnait souvent. Son obéissance était
aussi aveugle que parfaite, car il était convaincu qu'en
accomplissant les ordres de son supérieur, il exécutait
ceux du Ciel même. Pour savoir jusqu'où sa sublime
dépendance pouvait aller, le recteur lui commanda un jour
de s'embarquer. St Alphonse partit aussitôt sans poser
de question. Chemin faisant, un religieux vint lui dire que le
supérieur le redemandait. « Où alliez-vous,
lui demanda le recteur, puisque vous ignoriez le but du voyage
et quel vaisseau vous deviez prendre ? - J'allais faire l'obéissance,
répondit le saint portier. » Après quinze
ans dun service sans relâche - Rodriguez a soixante
et un ans - on lui donne un adjoint : il est ainsi dispensé
des longues heures de présence à la porterie. Mais
son apostolat spirituel et pastoral continue. Personne de ceux
qui passaient le seuil du collège - des étudiants
les plus frivoles aux compagnons jésuites les plus austères
- , nétait sans subir, ne fusse quindirectement,
linfluence spirituelle de Rodriguez. À partir de
1615, frêle et perclus, il est pratiquement confiné
à son lit, se levant uniquement pour assister à
la messe. St Alphonse Rodriguez meurt deux ans plus tard, le
31 octobre 1617. |
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