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Magdeleine Hutin nait
à Paris, mais sa famille est originaire de Lorraine. Depuis
l'enfance, Magdeleine rêve de partir au Sahara. Et voilà
qu'à l'âge de vingt trois ans, elle lit la première
biographie de Charles de Foucauld, par René Bazin. Elle
en est bouleversée. Mais il lui faudra attendre quatorze
ans avant de pouvoir partir. En I935 enfin, c'est le médecin
lui-même qui la pousse à aller « dans un pays
où il ne tombe pas une goutte d'eau » pour enrayer
une arthrite déformante grave. C'est le signe qu'attendait
son conseiller spirituel. Il lui dit de partir vite. Et il ajoute
: « Retenez bien ceci : c'est parce que humainement vous
n'êtes plus capable de rien que je vous dis avec tant d'assurance
qu'il vous faut partir; parce qu'au moins, si jamais vous faites
quelque chose, ce sera bien le bon Dieu qui aura tout fait, car
sans lui, vous ne pourriez rien faire, rien, absolument rien.
» Accompagnée de sa mère veuve et d'une jeune
fille, elle se retrouve un temps dans un village à l'appel
du curé pour fonder une « maison d'uvre du
Père de Foucauld ». Magdeleine éprouve beaucoup
de joie. Leurs activités sont multiples, surtout elles
se lient d'amitié, dans un grand respect, avec la population.
Mais il lui manque une dimension contemplative. En même
temps, son désir d'une vie semi-nomade se précise.
Alors, l'évêque du Sahara lui demande de passer
un an chez les Surs Blanches d'Alger, puis de fonder une
nouvelle congrégation religieuse. Magdeleine prononce
ses premiers vux religieux le 8 septembre 1939. Ce jour-là,
juste à l'aube de la seconde guerre mondiale, c'est la
naissance de la Fraternité des Petites surs de Jésus
dont petite sur Magdeleine résumera la mission par
un mot : " unité ". Elle avait fait deux ans
plus tôt un rêve qui fondera toute son intuition
spirituelle: la Sainte Vierge tenait dans ses bras l'Enfant Jésus,
et le lui donne. L'Enfant Jésus devient son ami intime.
De Lui, elle apprend ce que c'est qu'être « petit
» selon l'Évangile. Le Tout Petit de Bethléem
va marquer toute la Fraternité, comme l'une des sources
premières de sa spiritualité. Au cours des années,
elle va multiplier les fondations, partout dans le monde et dans
tous les milieux. L'unité reste jusqu'au bout son but.
Unité entre les chrétiens de toutes confessions,
entre les croyants et finalement entre tous les hommes. Elle
quitera la charge de responsable générale de son
ordre en 1949 pour se consacrer à la rencontre de tous
jusqu'à son dernier souffle, voyageant à travers
le monde, y compris derrière le rideau de fer, et en Chine
communiste. A sa messe d'adieu, le 10 novembre,à Rome,
se pressera une foule de tous pays et de toutes confessions chrétiennes.
Et le soir même, s'écroulait le Mur de Berlin... |
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