enluminure médiévale
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Jamais, semble-t-il,
l'état du clergé ne fut pire qu'à son époque.
" Il n'y a pour ainsi dire plus un seul monastère
où la règle soit observée ", disait
le pape Jean XI en 931. Quant aux papes eux-mêmes, ils
se succédaient à la cadence d'un tous les trois
ans, grâce au poison qu'on leur administrait ou aux autres
accidents mortels qui leur arrivaient. Ils furent alors trente-deux
à occuper la chaire de Pierre en un siècle (de
882 à 984). St Odon ne fit point cesser cet état
de choses; mais il contribua plus que personne à y remédier
un peu et, en tout cas, à empêcher qu'il ne s'aggrave.
Son père, le seigneur Abbon, l'avait dès le berceau
consacré à St Martin. Quand il eut vingt ans, Odon
s'agrégea aux cent cinquante chanoines prébendés
qui veillaient, à Tours, sur son tombeau. Il se rendit
ensuite à Paris pour étudier les belles-lettres
et la musique. En 909, il se fit moine à Baume-les-Messieurs
(Jura). L'année suivante, il rejoignit à Cluny
(Saône-et-Loire) St Bernon qui venait d'y établir
sa réforme; et en 927, il recueillait sa succession. Ce
fut lui qui donna à Cluny cette organisation qui lui permit
d'exercer, pendant deux siècles, tant d'influence dans
l'Église et dans la politique des États européens.
Ce grand homme, à la main de fer, était d'une bonté
infinie et d'une humeur toujours joyeuse. " En récréation,
il nous faisait rire aux larmes ", écrit un de ses
moines. Il versifia et fit de la musique toute sa vie. Dans l'été
de 942, se trouvant à Rome pour la quatrième fois,
il eut le sentiment de sa fin prochaine. Il partit aussitôt,
car ce n'était pas là qu'il voulait mourir. En
cours de route, il s'attardait encore à apprendre des
antiennes et des cantiques aux pâtres des montagnes et
les récompensait quand ils avaient bien chanté.
Il mourut, comme il le désirait, à peine arrivé
à Tours, près du tombeau de son cher St Martin. |
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