" Les grands
hommes sont ceux qui ont des visions et des rêves. Ensuite,
il faut l'amour pour transformer ces rêves et les faire
vivre ". |
Le Père Ceyrac
était un missionnaire jésuite français qui
a uvré pendant plus de sixante ans en Inde en faveur
des enfants et des exclus de la société indienne.
En menant un combat " non pour les droits de l'homme, mais
pour le droit d'être un homme ", il a contribué
à l'évolution de la société indienne
durant ces dernières décennies et s'est érigé
en véritable artisan de paix. C'est sous l'angle de l'amour
qu'il nous faut aborder le parcours et l'action de Pierre Ceyrac
. L'amour : origine et critère de tous ses choix. En 1936,
alors qu'il est jeune jésuite, Pierre âgé
de vingt deux ans décide de partir en Inde comme missionnaire.
Là, il s'initie à la culture et aux religions de
l'Inde qu'il considère comme autant de " chemins
vers Dieu ". Licencié en Tamoul et en Sanskrit, il
est ordonné prêtre en 1945 avant d'être nommé
aumônier national d'un mouvement d'étudiants catholiques
des universités indiennes de l'Inde. Mais quelques années
plus tard, il prend conscience que " l'on ne peut philosopher
dans les universités quand les gens meurent de faim à
côté ". Le Père Ceyrac a besoin de concret.
" Dans les combats de ma vie, dira-t-il, j'ai toujours pris
garde à ne jamais séparer le combat pour la foi
de celui pour la justice et pour les pauvres. Autrement, les
actes nient la foi et la foi est stérile ". Dès
lors, suivant les traces du Mahatma Gandhi, qu'il a bien connu,
il dénonce le système des castes et manifeste en
faveur de l'intégration des dalits (intouchables). Sous
son impulsion, un vaste réseau composé de plus
de cent mille étudiants indiens voit le jour avec des
chantiers humanitaires destinés à construire des
maisons et des villages pour les pauvres et lépreux vivant
sur les trottoirs de Madras. Pour faire face au problème
de l'eau dans les campagnes, le p. Ceyrac lance l'opération
"mille puits" dans le Sud de l'Inde, début du
projet " lève toi et marche ". Et comme pour
démontrer que " là où l'intelligence
n'a pas accès, l'amour seul peut donner la clé
", Ceyrac et ses amis construisent une " ferme modèle
" sur un terrain extrêmement aride et relèvent
l'incroyable défit d'y faire pousser des cocotiers. Ce
désert fertile fera vivre plus de deux cent cinquante
mille personnes et deviendra la meilleure ferme productrice de
goyaves de la région. A l'instar de mère Térésa
avec laquelle il a travaillé, Pierre Ceyrac donne sans
limites. "Aimer, dit-il, c'est se donner aux autres avec
grand respect jusqu'à leur offrir sa vie". C'est
aussi savoir être tendre. Plus celui que l'on aime est
pauvre, plus il faut lui donner de la tendresse. Enfin pour aimer
il faut toujours penser " nous " et jamais " eux
" : il faut savoir faire confiance et " responsabiliser
jusqu'au bout ". Par expérience, Pierre Ceyrac sait
que le don aux autres nous permet de nous créer nous-mêmes
et de connaître ainsi la joie véritable. Cet Amour
de l'Autre, qui brûle en lui comme un buisson ardent, va
continuer à rayonner dans les années 80 lors de
l'arrivée massive de réfugiés cambodgiens
à la frontière thaï. Sollicité pour
prendre la direction d'une équipe de volontaires, le p.
Ceyrac va partager la vie de milliers de personnes dans les camps
de Thaïlande, du Cambodge et de Zambie pendant treize ans.
De retour en Inde, cet " homme pour les autres ", a
construit avec l'énergie et l'espérance de ceux
qui ont su rêver des rêves avec lui, un centre pour
l'opération des enfants poliomyélites, unique dans
le Sud de l'Inde, un foyer d'études pour enfants de prisonniers,
, et enfin un réseau immense d'accueil, tel de grandes
Mains d'Amour ou " mains ouvertes " aux enfants de
l'Inde. Des leçons de vie, Pierre Ceyrac en a tirées
quelques-unes au contact des intouchables, des pauvres, des enfants,
des réfugiés et des lépreux. Un prophète
de notre temps ! |