« Même si je ne
peux rien faire, je suis là, disait-il. Sans ressource,
ni pouvoir. Ma foi me dit que Dieu aime chacun. Sil aime
chacun, cest quil voit en lui quelque chose de beau
et daimable. Alors jessaie de voir ce quil
y a de beau en celui qui est en face de moi, démoli par
lalcool, la drogue, les échecs. Ça peut prendre
longtemps. » |
« C'était
un compagnon de la nuit pour ceux qui n'avaient rien. C'était
un mendiant. » C'est par ces mots que l'ordre dominicain,
dont il était membre, a annoncé sa disparition.
Né en 1935 à Pampelune, en Espagne, Pedro Meca
vécut une enfance de misère et de délinquance.
Une fois exilé en France, son activité dans les
réseaux anti-franquistes lui vaudra une condamnation par
contumace à 70 ans de prison, avant qu'il ne soit amnistié
en 1978. En France, la rencontre d'un frère dominicain
en 1956 éveille en lui la quête d'une vocation religieuse.
Et c'est auprès des personnes les plus pauvres qu'il vivra
l'essentiel de son ministère, notamment à travers
l'association les Compagnons de la nuit. Il a travaillé
de nombreuses années dans le centre « Le Cloître
», à Paris, avant de créer, en 1992, le foyer
« La Moquette », un lieu daccueil pour des
personnes sans-domicile. « Au Ciel, personne ne nous demandera
le nombre de prières que nous avons récitées
ni combien de cierges nous avons brûlés. On sera
jugé sur nos rapports avec les autres. La question sera
: Quas- tu fait de ton frère ? »
Les propos de ce dominicain hors norme résument bien l'engagement
qui fut le sien, au nom de la fraternité. De nombreuses
associations, notamment le Collectif des Morts de la rue, ont
bénéficié de son compagnonnage chaleureux.
(la Vie) |