" Quand on
a renoncé totalement à faire quelque chose de soi-même
: un saint, un pécheur converti ou un homme d'Eglise,
juste ou injuste, malade ou en bonne santé, alors on se
jette entièrement dans les bras de Dieu, alors, on prend
finalement au sérieux non pas ses propres souffrances,
mais les souffrances de Dieu dans le monde, alors, on veille
à Gethsémani avec le Christ et, je pense, c'est
cela la foi, c'est cela la métanoïa ; et c'est ainsi
que nous devenons des hommes, que nous devenons des chrétiens.
" |
Né à
Breslau en 1906, fils de la haute bourgeoisie allemande, docteur
en théologie à vingt trois ans après de
brillantes études, tout semble destiner Dietrich Bonhoeffer
à une haute position dans la société. Il
voyage en Europe et aux Etats-Unis et est ordonné pasteur
en 1931. Le 30 janvier 1933, Hitler arrive au pouvoir. Dès
le 1er février, Bonhoeffer dénonce, dans une allocution
à la radio, la prétention de souveraineté
totale du Führer. Son émission est immédiatement
interrompue. Il publie ensuite un article contre l'antisémitisme
et participe à l'organisation de l'Eglise confessante,
avec Karl Barth et Niemöller. Chez ce "théologien
de la réalité" (selon André Dumas),
la vie, l'oeuvre, la foi, sont indissolublement liées.
En 1935, il est responsable du séminaire de Finkenwalde
dont les activités sont rapidement interdites, et se poursuivent
dans la clandestinité. En 1940, Bonhoeffer s'engage dans
la conjuration contre Hitler. Arrêté par la Gestapo
le lendemain de l'attentat manqué de 1943, il est condamné
à mort et pendu le 9 avril 1945 sur l'ordre personnel
de Hitler.
Il nous reste de lui
plusieurs ouvrages, dont "le prix de la Grâce"
(1937), et "Résistance et soumission", lettres
de prison publiées en 1951 (d'où est tirée
la citation ci-dessous).
témoignage
du médecin du camp : "Par la porte entrebâillée
dune chambre dans le baraquement, jai vu, avant quon
enlève leurs vêtements aux condamnés, le
pasteur Bonhoeffer, à genoux devant son Dieu dans une
intense prière. La manière parfaitement soumise
et sûre dêtre exaucée dont cet homme
extraordinairement sympathique priait ma profondément
bouleversé. Sur le lieu de lexécution, il
a encore prié, puis il a monté courageusement les
escaliers du gibet. La mort eut lieu en quelques secondes. En
cinquante ans de pratique, je nai jamais vu mourir un homme
aussi totalement abandonné entre les mains de Dieu."
BETHGE, op. cit., p. 848. |